Tout savoir sur le thé vietnamien

Le Vietnam est l’un des berceaux les plus anciens du théier au monde. Bien plus qu’une boisson : le thé vietnamien fait partie intégrante du quotidien et reflète l’âme culturelle du pays. Présent aussi bien lors des grandes fêtes traditionnelles que dans les gestes simples du quotidien, il symbolise l’accueil, le partage et les liens sociaux. Son histoire remonte à des siècles, marquée par les rois Hùng, les influences bouddhistes et la période coloniale française. Aujourd’hui, le Vietnam se classe parmi les grands producteurs et exportateurs mondiaux de thé. Découvrir le thé vietnamien, c’est plonger dans une tradition vivante qui enrichit tout voyage au Vietnam.

1. Quelle est l’histoire du thé au Vietnam ?

L’histoire du thé vietnamien plonge ses racines il y a plus de 4 000 ans, à l’époque des rois Hung, considérés comme les premiers à avoir cultivé la plante. Des recherches menées au XXᵉ siècle ont d’ailleurs confirmé l’importance des théiers sauvages anciens du Vietnam, notamment dans les régions de Suối Giàng, Nghĩa Lộ, Lạng Sơn ou Nghệ An, où la richesse en catéchines montre un lien direct avec l’évolution mondiale du thé.

Au fil des siècles, les traditions bouddhiques et confucéennes ont accordé au thé une valeur spirituelle et culturelle, en le plaçant au cœur des rituels et de la vie intellectuelle. Sous les dynasties, il accompagnait les cérémonies et devenait un symbole de sagesse, d’harmonie et de sobriété.

Avec la colonisation française, la culture du thé s’est industrialisée : de vastes plantations ont vu le jour dans les Hauts Plateaux du Nord et du Centre, faisant du Vietnam un acteur majeur sur le marché mondial. Aujourd’hui, le pays compte parmi les dix premiers exportateurs de thé, et ses variétés, comme le Shan Tuyet ou le thé de Thái Nguyên, sont reconnues pour leur finesse et leur caractère unique. Cette évolution, entre héritage ancestral et modernité, explique pourquoi le thé demeure un pilier incontournable de la culture vietnamienne.

Le thé, symbole de sagesse, d’harmonie et de simplicité chez les Vietnamiens
Le thé, symbole de sagesse, d’harmonie et de simplicité chez les Vietnamiens

2. Quels sont les types de thé vietnamien et où les trouver ?

Le thé vert (chè xanh) est sans doute le plus populaire au Vietnam, présent dans chaque foyer et dégusté au quotidien. Parmi les variétés les plus réputées, on retrouve le Shan Tuyet, récolté sur des théiers centenaires dans les montagnes de Ha Giang, et le Tan Cuong de Thai Nguyen, connu pour son goût puissant et raffiné.

La préparation du thé vert suit un processus précis : récolte des bourgeons, flétrissage rapide, roulage et chauffage pour stopper l’oxydation. Selon la méthode, les feuilles offrent des arômes allant de la fraîcheur végétale à des notes légèrement grillées. Dans le Sud, les thés verts parfumés – au jasmin, au lotus ou à d’autres fleurs locales – sont particulièrement prisés lors des cérémonies et des moments festifs.

Le thé Shan Tuyet des vieux théiers, cultivé à 2 400 mètres d’altitude – l’un des thés les plus rares et précieux
Le thé Shan Tuyet des vieux théiers, cultivé à 2 400 mètres d’altitude – l’un des thés les plus rares et précieux

À côté du thé vert, le Vietnam produit aussi du thé oolong, surtout dans les Hauts Plateaux de Lam Dong. L’oolong, partiellement oxydé, se distingue par sa complexité aromatique, oscillant entre fleurs, fruits et une douceur en bouche qui le rend idéal pour les débutants comme pour les amateurs avertis. Certaines versions comme l’oolong ginseng intègrent des plantes médicinales pour renforcer les bienfaits et enrichir la saveur. Plus rare, le thé noir est quant à lui totalement oxydé. S’il reste moins connu au Vietnam, il est couramment utilisé pour les thés en sachet ou les thés au lait, avec une infusion de couleur rouge foncé et un goût corsé.

Thé oolong de Bao Loc, Lam Dong - Thé vietnamien
Thé oolong de Bao Loc, Lam Dong – Thé vietnamien

Enfin, il existe des thés plus traditionnels comme le thé frais, consistant simplement à infuser des feuilles de thé non transformées, et des tisanes à base de plantes locales comme l’atiso, le trà vằng ou le trà cung đình de Hué, souvent appréciées pour leurs vertus médicinales. Chaque région du pays possède ses spécialités : Thai Nguyen et Ha Giang au Nord, Hue au Centre avec ses thés parfumés, et Lam Dong au Sud pour l’oolong. Pour les voyageurs, planifier une visite des plantations au printemps est une excellente occasion de voir la cueillette des jeunes bourgeons et de découvrir l’art ancestral du thé vietnamien.

Visite des collines de thé de Thai Nguyen, Vietnam
Visite des collines de thé de Thai Nguyen, Vietnam

3. Culture de la consommation du thé au Vietnam

Le thé comme rituel d’hospitalité

Au Vietnam, le thé vietnamien ne se limite pas à une simple boisson : il est un symbole d’accueil et de respect. Lorsqu’un invité franchit le seuil d’une maison, même dans la plus modeste des campagnes, l’hôte interrompt son activité, prépare le thé et l’offre avec solennité. Dans les villages, le thé vert fraîchement cueilli accompagne les repas simples, tandis que dans les familles aristocratiques d’autrefois, les cérémonies de dégustation se faisaient avec raffinement et élégance. Cette coutume met en avant une valeur centrale de la culture vietnamienne : la convivialité et le lien social.

Le thé comme rituel d’hospitalité chez les Vietnamiens
Le thé comme rituel d’hospitalité chez les Vietnamiens

Diversité des pratiques et traditions

Les façons de consommer le thé varient selon les régions. Dans le Nord, le thé vert chaud et parfois amer reste incontournable, souvent partagé au lever du jour ou après un repas. Dans le Centre, les thés parfumés, notamment au lotus, occupent une place de choix lors des rituels et des fêtes. Dans le Sud, l’approche est plus détendue : on boit volontiers du thé glacé, sucré, en accompagnement de moments conviviaux. Le thé est aussi lié à des proverbes et à des coutumes ancestrales qui soulignent son rôle social, comme « trà dư, tửu hậu » (moment de détente après avoir bu du thé ou du vin, désignant les instants de loisir où l’on savoure encore les saveurs et l’ambiance).

Le thé vietnamien dans la vie spirituelle et sociale

Le thé est intimement associé aux grandes étapes de la vie. Lors des mariages, il symbolise l’union et le respect entre familles. Aux funérailles, il incarne la sobriété et le recueillement. Dans les pagodes, il accompagne les prières et sert de lien entre les hommes et le sacré. Les lettrés et poètes vietnamiens ont souvent trouvé dans le thé une source d’inspiration et de méditation. Boire le thé, c’est aussi un acte de partage : il accompagne les conversations intimes, des affaires politiques aux simples histoires de voisinage.

Philosophie et art du thé

La culture du thé vietnamien ne se réduit pas au goût : elle engage tous les sens. Les amateurs parlent des cinq critères du thé – « couleur, son, parfum, saveur et esprit ». Le rituel de préparation est lui-même empreint de philosophie. On ne verse jamais un bol plein, mais seulement aux deux tiers, pour laisser place à l’échange et à la réflexion. Chaque gorgée se boit lentement, afin de percevoir la quintessence du thé : une harmonie entre nature, sérénité et lien humain. Cette philosophie, appelée parfois « đạo trà » (la voie du thé), incarne un art de vivre fondé sur la simplicité, la paix intérieure et l’ouverture aux autres.

Autrefois, au Vietnam, le thé était réservé à l’aristocratie
Autrefois, au Vietnam, le thé était réservé à l’aristocratie

Une tradition vivante dans la modernité

Malgré la mondialisation et l’apparition de boissons modernes comme le bubble tea, la culture traditionnelle du thé reste solidement ancrée. Dans chaque foyer vietnamien, un service à thé occupe toujours une place centrale, utilisé aussi bien pour les fêtes du Têt que pour les rencontres quotidiennes. Ce rituel, qu’il soit pratiqué dans les salons de thé sophistiqués ou sur les trottoirs animés avec un simple verre de trà đá, continue de tisser un lien profond entre les générations et de refléter l’âme vietnamienne.

La théière est toujours présente lors des célébrations tout au long de l’année
La théière est toujours présente lors des célébrations tout au long de l’année

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4. Thé glacé (trà đá) – une scène de vie quotidienne des Vietnamiens

Une boisson populaire et accessible

Le trà đá (thé vert glacé) est sans doute l’une des boissons les plus emblématiques de la vie quotidienne au Vietnam. Peu coûteux et rafraîchissant, il s’impose comme une alternative simple aux boissons industrielles. Préparé en infusant du thé vert dans de l’eau puis servi avec beaucoup de glaçons, il est apprécié aussi bien en été qu’aux saisons plus fraîches.

Le cœur de la vie sociale

À Hanoï comme à Hô Chi Minh-Ville, les buveurs de trà đá se retrouvent sur les trottoirs, assis sur de petites chaises en plastique, autour de tables improvisées. Là, aucune distinction de statut social ou d’âge : étudiants, ouvriers, fonctionnaires et retraités partagent le même rituel. Une tasse de trà đá devient alors un prétexte pour bavarder de tout et de rien – des nouvelles du quartier, de la politique, du sport ou simplement des histoires du quotidien.

Une simplicité attachante

Les échoppes de trà đá sont rudimentaires : quelques chaises basses, un thermos, des verres en verre épais et parfois un bocal de graines de tournesol ou de cacahuètes pour accompagner la boisson. Ce décor modeste ne retire rien à l’attrait de l’expérience, au contraire : il incarne une convivialité spontanée et accessible à tous.

Entre modernité et tradition

Si le trà đá reste profondément ancré dans la culture urbaine, il a su évoluer avec le temps. Aujourd’hui, on trouve des variantes comme le trà đá chanh (au citron) ou le trà đá đào (aux pêches), très populaires auprès des jeunes générations. Pourtant, au-delà des modes, le trà đá demeure avant tout un symbole de simplicité, de partage et de ralentissement dans le rythme effréné des grandes villes vietnamiennes.

Le trà đá des trottoirs, une facette simple de la culture hanoïenne
Le trà đá des trottoirs, une facette simple de la culture hanoïenne

5. Comment vivre une expérience thé au Vietnam ?

Pour plonger dans la culture du thé, rien de tel que de déguster sur place. À Hanoi, les salons du Vieux Quartier proposent une atmosphère intime, tandis qu’à Hue, on peut goûter le thé royal préparé selon des recettes traditionnelles. À Saigon, les stands de rue servent un trà đá authentique à chaque coin de rue.

Les voyageurs peuvent aussi visiter des plantations, participer à un atelier de thé ou acheter du thé en souvenir. Côté pratique : toujours accepter le thé offert en signe de respect, et privilégier les thés préparés avec de l’eau filtrée. Une journée consacrée au thé peut s’intégrer facilement à un itinéraire de voyage au Vietnam, entre visites culturelles et rencontres locales.

Expérience de dégustation du trà đá à Hanoï
Expérience de dégustation du trà đá à Hanoï

Découvrir le thé vietnamien va bien au-delà d’une simple expérience gustative. C’est comprendre une partie de l’âme du Vietnam, faite de convivialité, de respect des traditions et d’adaptation à la modernité. Du thé vert traditionnel, apprécié pour son goût franc et légèrement amer, au trà đá des trottoirs de Hanoi, chaque gorgée traduit un lien avec le quotidien et la convivialité. Dans les plantations de Thai Nguyen ou autour d’un thé parfumé à Hué, le thé s’invite à chaque étape du voyage, comme une porte d’entrée vers la culture locale.

Prendre le temps de s’asseoir pour un verre de thé, c’est entrer dans un rythme plus apaisé, fait de rencontres et d’échanges. Une expérience simple mais essentielle pour comprendre l’âme vietnamienne. Vous souhaitez voyager au Vietnam et en apprendre davantage sur sa culture et son histoire ? Confiez votre projet à Asia Novo Tours, une agence spécialisée dans le tourisme local avec des guides francophones, pour organiser le voyage dont vous rêvez !

 

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