Découvrez les plus beaux monuments coloniaux de Hanoï. De l’Opéra à la gare, en passant par les villas enfouies sous les banians, cette promenade vous plonge dans le passé français de la capitale vietnamienne, entre élégance architecturale et mémoire silencieuse.
Une ville aux murs chargés d’histoire
Hanoï n’est pas une ville qui se donne d’un coup. Elle se laisse apprivoiser, coin par coin, façade par façade. Derrière ses scooters hurlants, ses trottoirs encombrés, ses cafés modernes et ses immeubles anarchiques, elle abrite des traces d’un passé français étonnamment intact, comme des notes suspendues dans la partition trépidante de la ville. Ces éléments architecturaux et culturels représentent les héritages coloniaux à Hanoï, visibles dans chaque quartier historique.
L’époque coloniale (1858–1954) a laissé bien plus que des lois et des cartes. Elle a sculpté le paysage urbain de la capitale d’un style hybride, mélange de Beaux-Arts européens, d’influences asiatiques et de climats tropicaux. Ce sont des bâtisses aux toits de tuiles, aux volets persiennes, aux balcons ouvragés, souvent entourées de jardins paisibles. Elles racontent une autre Hanoï, celle des fonctionnaires coloniaux, des gouverneurs, des lettrés vietnamiens francophones, des photographes et des aventuriers.
L’Opéra de Hanoï 
Impossible de manquer ce joyau lorsque l’on s’approche du quartier français. L’Opéra de Hanoï, achevé en 1911, est une reproduction libre de l’Opéra Garnier de Paris. Ce bâtiment emblématique fait partie des héritages coloniaux à Hanoï, où le blanc crème se mêle au jaune pastel, les colonnades s’élèvent sous le ciel moite du Tonkin, et les marches sont bordées de palmiers.
Le bâtiment n’est pas seulement beau : il est chargé de mémoire. C’est ici qu’eut lieu, en 1945, la déclaration d’indépendance du Viêt Minh. Aujourd’hui encore, l’Opéra accueille concerts classiques, ballets et événements prestigieux.
À voir absolument : le parvis au coucher du soleil, quand la lumière dorée embrasse les moulures.
La gare centrale
Inaugurée en 1902, la gare de Hanoï était autrefois un bijou d’architecture coloniale classique. Si son cœur a été transformé par un bloc soviétique austère, les ailes latérales ont survécu aux bombardements de la guerre et gardent intactes les élégantes touches d’antan : colonnes cannelées, toitures à la française, balcons suspendus… un vrai clin d’œil au passé.
Ce lieu est unique : ici, le Vietnam d’hier et celui d’aujourd’hui se font face, sans filtre. On ressent la pulsation du pays, entre souvenirs et changements rapides.
Petit conseil de voyageur : passez y faire un tour en soirée. Les rails deviennent le décor d’une vie locale animée — familles assises sur des tabourets en plastique, petits plats fumants, rires qui s’échappent dans l’air doux. Une scène quotidienne, pleine de charme, à quelques mètres des trains.
Le lycée Albert Sarraut
Aujourd’hui connu sous le nom de lycée Tran Phu – Hoan Kiem, ce bâtiment cache un passé prestigieux : celui du Lycée Albert Sarraut, fondé à l’époque coloniale pour les enfants de colons et de l’élite vietnamienne. Parmi ses anciens élèves, quelques figures incontournables de l’histoire : Vo Nguyen Giap, Tran Duc Thao, Pham Van Dong,…
L’architecture du lieu raconte à elle seule les héritages coloniaux à Hanoï. Long et imposant, l’établissement mêle élégance française et astuces tropicales : de grandes fenêtres pour faire circuler l’air, une toiture débordante pour contrer les pluies, des couloirs ouverts comme des respirations au cœur du tumulte urbain. Le tout enveloppé d’une végétation luxuriante, où les lataniers rythment les souvenirs.
À savoir : à l’époque, le français était obligatoire, et les examens se passaient en costume-cravate… même quand le thermomètre flirtait avec les 40°C. Une rigueur d’un autre temps, gravée dans les murs.
La Banque d’Indochine
À quelques pas du paisible lac Hoan Kiem, se dresse un bâtiment imposant aux colonnes doriques, témoin silencieux d’un pan d’histoire : l’ancienne Banque de l’Indochine, aujourd’hui siège de la Banque d’État du Vietnam.
L’architecture frappe par sa puissance sobre : des murs massifs, des ferronneries finement travaillées, une façade majestueuse qui semble tout droit sortie de Paris. En franchissant les portes, on découvre un intérieur d’une grande élégance : plafonds vertigineux, sols en mosaïque, escaliers en fer forgé… Chaque détail raconte une volonté française d’instaurer ici un ordre économique rationnel et durable, dans un écrin digne des grandes capitales européennes.
Un lieu chargé de mémoire, où l’histoire coloniale et l’urbanisme vietnamien s’entrelacent, en plein cœur de Hanoï.
Les villas coloniales
Discrètes, les centaines de villas coloniales éparpillées dans les quartiers de Ba Dinh, Hoan Kiem ou Tay Ho incarnent les héritages coloniaux à Hanoï. Certaines se dressent, restaurées, en ambassades, musées ou centres culturels ; d’autres, à l’abandon, laissent les bananiers, la mousse et les lézards envahir leurs façades, comme figées dans une parenthèse historique.
Qu’elles soient pimpantes ou usées par le temps, ces demeures dégagent toutes une élégante nostalgie, comme si ici le temps ralentissait. On les reconnaît à leurs volets verts, leurs vérandas en fer forgé, leurs hauts plafonds et leurs carreaux de terre cuite, polis par des décennies de pas et de souvenirs.
Le quartier de Phan Dinh Phung est une merveille pour les photographes : trottoirs ombragés, villas dormantes, cyclistes matinaux.
La cathédrale Saint-Joseph
Parmi les héritages coloniaux à Hanoï, la cathédrale Saint-Joseph est sans doute l’un des plus emblématiques. Inspirée de Notre-Dame de Paris, elle fut construite en 1886, au temps de l’Indochine française. Ses deux tours grises dominent une charmante petite place bordée de cafés et de boutiques, offrant une parenthèse paisible au milieu de l’agitation urbaine.
À l’intérieur, on découvre des vitraux aux couleurs éclatantes, des colonnes néogothiques élancées et un orgue discret, qui ajoutent à l’atmosphère solennelle du lieu.
Mais plus qu’un simple monument historique, la cathédrale reste un espace profondément vivant : couples de jeunes mariés posant devant la façade, fidèles en prière, visiteurs curieux. Elle incarne à la fois la foi, l’histoire et la vie quotidienne — une présence familière dans le paysage hanoïen, entre passé colonial et réalité contemporaine.
Pourquoi découvrir les héritages coloniaux à Hanoï ?
Parce que ces monuments ne sont pas que de la pierre. Ce sont des fragments d’une époque complexe, où la domination cohabitait avec la création, où l’oppression rencontrait l’esthétique, où les récits se superposaient.
Les héritages coloniaux à Hanoï, parfois majestueux, parfois laissés dans l’ombre, forment une stratification poétique de l’identité vietnamienne. Ils portent en eux les douleurs du passé, mais aussi la finesse des lignes, la beauté de l’adaptation, l’empreinte vivante de l’histoire.
Explorer ces lieux, c’est marcher dans les interstices de la mémoire : là où l’ancien dialogue encore avec le contemporain, là où le passé colonial ne disparaît pas, mais se réinvente.
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Conclusion
Explorer les héritages coloniaux à Hanoï, ce n’est pas seulement admirer des façades anciennes ou des styles architecturaux venus d’ailleurs. C’est plonger dans une histoire à multiples couches, faite de tensions, de rencontres, de résistances et de métissages.
Ces traces du passé, loin d’être figées, continuent de vivre dans le tissu urbain, dans la mémoire collective, dans le regard des passants.
Les comprendre, c’est mieux comprendre Hanoï elle-même — une ville en perpétuelle transformation, mais qui n’efface jamais vraiment ce qui l’a façonnée.