Plaine des Jarres: légendes et paysages énigmatiques du Laos

Nichée dans la province montagneuse de Xieng Khouang, au nord du Laos, la Plaine des Jarres est l’un des sites archéologiques les plus intrigants d’Asie du Sud-Est. Réparties sur des centaines de kilomètres carrés, des milliers de jarres en pierre géantes parsèment les collines verdoyantes, témoignant d’une civilisation disparue dont les origines restent encore mystérieuses. Ce lieu, à la fois majestueux et empreint de mystère, offre aux voyageurs une immersion captivante dans l’histoire ancienne du Laos, au cœur d’un décor naturel saisissant.

Accessible à partir de la ville nouvelle de Phonsavan,  aujourd’hui, personne ne sait avec certitude la fonction de ces imposantes jarres de pierre rassemblées par centaines sur des plaines ouvertes au vent.

Où se situe la Plaine des Jarres ?

Avant d’explorer les secrets du site, il est essentiel de comprendre sa localisation et le contexte géographique qui en fait un lieu aussi singulier.

La Plaine des Jarres, un site emblématique de Xieng Khouang

La Plaine des Jarres se trouve dans le nord-est du Laos, à environ 400 km de Vientiane, dans la province de Xieng Khouang. Cette région montagneuse est marquée par un relief accidenté, des plateaux fertiles et un climat tempéré, propice à l’agriculture.

La ville principale, Phonsavan, sert de porte d’entrée au site. C’est une ville moderne reconstruite après la guerre du Vietnam, qui fut particulièrement destructrice dans cette zone. Aujourd’hui, elle offre aux visiteurs toutes les commodités nécessaires pour explorer les différents sites archéologiques de la Plaine des Jarres.

Comment accéder à la Plaine des Jarres ?

Rejoindre la Plaine des Jarres est déjà une aventure en soi. Plusieurs moyens sont possibles :

  • Depuis Vientiane : des bus partent quotidiennement vers Phonsavan, pour un trajet de 8 à 10 heures à travers des paysages montagneux splendides.
  • Depuis Luang Prabang : le voyage dure environ 7 à 8 heures en bus ou minivan, avec la possibilité de s’arrêter dans de charmants villages en chemin.
  • En avion : la solution la plus rapide consiste à prendre un vol intérieur de Vientiane à Phonsavan (environ 40 minutes). L’aéroport est situé à 5 km du centre-ville.

Pourquoi visiter la Plaine des Jarres ?

La Plaine des Jarres n’est pas seulement un site archéologique : c’est une expérience à part, mêlant histoire, nature et mystère. Les hypothèses sont multiples : sarcophages en plein air, récipients pour faire fermenter l’alcool et fêter la victoire du roi Khun Cheung ou restes d’une civilisation de géants.

La légende veut que les jarres soient issues d’un mélange de pierres écrasées, de canne à sucre et de peau de buffle. Les locaux avancent que les graviers de la grotte du premier site prouvent l’utilisation de ce ciment particulier. D’autres prétendent que c’est impossible car les traces de burin tendent plutôt vers une taille des pierres sur place. Ce qui n’enlève en rien au mystère car la pierre est du calcaire, roche qu’on ne trouve pas dans la région.

Un mystère millénaire qui fascine encore les chercheurs

Le site tire son nom des milliers de jarres en pierre, certaines pesant plus de six tonnes et mesurant jusqu’à trois mètres de haut. Leur fonction exacte reste inconnue, bien que les archéologues avancent plusieurs hypothèses : récipients funéraires, urnes de stockage ou instruments rituels.

Datées de l’âge du fer (entre 500 av. J.-C. et 500 apr. J.-C.), ces jarres sont taillées dans du grès, du calcaire ou du granite, et disposées en groupes sur des collines et plateaux. Cette disposition aléatoire, alliée à l’absence de traces écrites, renforce l’aura de mystère du lieu.

Une atmosphère mystique au cœur du Laos

Explorer la Plaine des Jarres, c’est plonger dans une ambiance presque irréelle. Le silence des plaines, le contraste entre les jarres massives et les montagnes en arrière-plan, ainsi que les brumes matinales confèrent au site une dimension spirituelle et poétique.

Un témoignage de la résilience du Laos

La région de Xieng Khouang a été lourdement bombardée durant la guerre du Vietnam, faisant de la Plaine des Jarres l’un des symboles de la mémoire et de la reconstruction du pays. Aujourd’hui, le site est partiellement sécurisé grâce au travail d’organisations spécialisées dans le déminage, permettant aux visiteurs d’explorer les zones dégagées en toute sécurité.

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Observer la crépuscule à la Plaine des Jarres constitue une expérience unique

Les principaux sites à visiter à la Plaine des Jarres

Le complexe archéologique de la Plaine des Jarres est composé de plusieurs zones ouvertes au public, chacune possédant ses propres particularités.

Site 1 : Ban Ang, le plus vaste et le plus accessible

Situé à une dizaine de kilomètres de Phonsavan, le Site 1 est le plus grand et le plus impressionnant. Il abrite environ 330 jarres, dont certaines sont creusées dans le sol ou renversées.

Une grande partie du site a été sécurisée et un sentier balisé permet de se promener entre les jarres. On y trouve également une grotte qui aurait servi de crématorium, renforçant la théorie d’un usage funéraire du lieu.

Site 2 : Hai Hin Phou Salato, la beauté naturelle

Le Site 2 est plus petit, mais offre une atmosphère paisible et des vues magnifiques sur la campagne environnante. Les jarres sont dispersées entre deux collines verdoyantes et bordées de rizières, ce qui en fait un lieu parfait pour les amateurs de photographie.

Site 3 : Ban Xieng Di, le plus pittoresque

Le Site 3, situé à environ 15 km de Phonsavan, nécessite une petite marche à travers les champs pour y accéder. Les jarres y sont entourées de végétation tropicale et d’arbres, créant une ambiance romantique et sauvage.

Autres sites et musées à découvrir

  • Le Centre d’information MAG (Mines Advisory Group) à Phonsavan sensibilise les visiteurs au travail de déminage dans la région.
  • Le musée provincial de Xieng Khouang retrace l’histoire de la province et présente des découvertes archéologiques issues de la Plaine des Jarres.
  • Les villages Hmong et Tai Dam environnants permettent de découvrir les traditions et le mode de vie des minorités ethniques locales.

Trois sites principaux valent le détour et sont accessibles. Attention, les tuks tuks refusent souvent d’aller jusqu’aux sites 2 et 3 car la piste s’avère parfois impraticable ! Louer un scooter est l’option la plus pratique. Le Site de Bang An se trouve à 7 km de Phonsavan, à proximité de l’ancienne base aérienne soviétique. C’est le site le plus riche, avec la Jarre la plus imposante ; environ 7 tonnes !

Le site de Nancout ou Phou Sala Tau est plus modeste mais tire tout son charme des deux collines qui l’accueillent et des arbres ombragés qui l’abritent. Le site 3 dit de Siang De est proche du site 2, à 35 km à l’ouest de Phonsavan. Il est accessible après la traversée d’un des deux ponts de fortune surplombant la rivière (à la base, un pour la saison sèche, l’autre pour celle des pluies), une balade le long de rizières et l’enjambement d’une petite échelle de bambous, car les jarres se trouvent en plein milieu d’un pâturage. La vue sur la vallée est magnifique, surtout à la tombée de la nuit !

Une petite remarque

Durant la guerre du Vietnam, cette zone a été gravement bombardé par l’aviation américaine : plus 500 attaques aériennes par mois selon le programme Rolling Thunder (tonnerre ininterrompu) (selon les chiffres du Pentagone). De nombreuses bombes non-désamorcées sont encore présentes, cela rend très dangereux l’étude et la visite des zones à jarres. Actuelle, il y a à 3 zones seulement qui sont ouvertes à la visite. Il ne faut pas alors sortir des sentiers battus et s’éloigner des jarres.

En conlusion, la Plaine des Jarres est bien plus qu’un site archéologique : c’est un lieu de mémoire, de légendes et de beauté naturelle. Elle incarne à la fois le mystère des civilisations disparues et la résilience du peuple laotien face à l’histoire.

En visitant la Plaine des Jarres, on pénètre dans un monde suspendu entre passé et présent, où les pierres silencieuses racontent des histoires vieilles de plus de deux mille ans. Que vous soyez passionné d’histoire, amoureux de nature ou simple curieux, ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2019 reste une étape incontournable pour tout voyageur au Laos.